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Incidence du cannabis sur le fonctionnement de l’œil : Prix de la meilleure publication en psychiatrie de l’année 2017

Les travaux de recherche du Dr Thomas SCHWITZER (équipe du Pr Raymund SCHWAN et du Dr Vincent LAPREVOTE) ont reçu le Prix de la meilleure publication de l’année en psychiatrie.

Ce prix a été officiellement décerné le mercredi 29 novembre 2017, lors du Congrès Français de Psychiatrie, qui s’est déroulé au Centre des Congrès à Lyon, du 29 novembre au 2 décembre 2017.
Il récompense l’article qui a été publié dans la revue JAMA Ophthalmology et intitulé « Association between regular cannabis use and ganglion cell dysfunction » en janvier 2017.

Explications :

Le fonctionnement de la rétine est fortement perturbé par l’usage du cannabis : c’est la conclusion de l’étude écrite par des chercheurs du CHRU de Nancy et du Centre Psychothérapique de Nancy, le Dr Thomas Schwitzer, le Pr Raymund Schwan et le Dr Vincent Laprévote, et publiée dans le journal scientifique américain réputé, JAMA Ophthalmology en janvier 2017.

Leur étude fait partie de CAUSA MAP, un vaste programme de recherche initié et dirigé par l’équipe de Nancy, qui fédère des centres de Strasbourg et de Paris, et financé par l’Agence Nationale de la Recherche (ANR) et la Mission Interministérielle de Lutte contre les Drogues et les conduites addictives (MILDECA). Cette étude est dite « préliminaire », parce qu’elle porte sur une partie des volontaires de CAUSA MAP, mais son résultat est jugé suffisamment innovant et important pour être publié avant la fin du recrutement des volontaires qui se poursuit actuellement.

Elle a été menée auprès de 52 volontaires (28 usagers réguliers de cannabis et 24 volontaires sains) à partir de la mesure des courants électriques des cellules nerveuses de la rétine grâce à un électrorétinogramme. Cet examen, réalisé soit en neurophysiologie clinique ou en ophtalmologie, permet de diagnostiquer certaines anomalies de la rétine. Cette recherche, une première mondiale, puisqu’elle n’avait encore jamais été menée sur l’être humain, montre scientifiquement que les yeux d’un consommateur régulier de cannabis ont un important retard dans leur réponse à un signal lumineux. Ce résultat est interprété comme une altération dans la communication entre les cellules nerveuses de la rétine sous l’influence du cannabis. Une démonstration qui ouvre de nombreuses perspectives, puisque la vision est impliquée dans de nombreux actes de la vie quotidienne, et en particulier, dans la conduite automobile. Les équipes de recherche nancéiennes entendent poursuivre leurs explorations pour estimer les conséquences de ce retard rétinien sur l’ensemble de la fonction visuelle.

Ce sont les cellules ganglionnaires de la rétine qui ont été explorées car leur fonctionnement est très proche de celui des neurones du cerveau humain et elles sont plus faciles à étudier. Concrètement, les volontaires, ont répondu à des questionnaires de santé et de consommation de substance, passé un examen urinaire, des tests de mémoire et d’attention, puis des tests visuels par électrorétinogramme et d’autres par électroencéphalogramme pour mesurer l’activité du cerveau. Les usagers réguliers de cannabis participant à cette étude fumaient au moins 7 joints par semaine et ont été recrutés, tout comme les volontaires sains, par un appel presse et affichage. Une orientation pour arrêter de fumer a été systématiquement proposée à tous les usagers.

Pr Raymund SCHWAN